USAID: le retrait américain creuse un vide dans l’aide au développement mondial – analyse et implications
Contexte du retrait de l’USAID et implications mondiales
Suite au choc provoqué par le démantèlement de l’agence américaine pour le développement international (USAID) sous l’administration de Donald Trump, les débats sur l’avenir de l’aide multilatérale s’accélèrent et invitent à repenser le modèle tout en envisageant un rapprochement avec le secteur privé.
L’arrêt de l’USAID est décrit comme un « trou béant » par Mikaela Gavas du Center for Global Development (CGD), qui rappelle que les États‑Unis restent, de loin, le plus grand bailleur mondial d’aide au développement.
Éléonore Caroit, ministre déléguée à la Francophonie et aux partenariats internationaux, estime qu’il est nécessaire de « repenser l’ensemble de l’architecture et de la structure financière » de l’aide internationale.
Une tendance de fond: les financements publics en recul
La disparition de l’USAID n’est pas un phénomène isolé. Selon l’OCDE, le montant total des aides publiques au développement fournies par 32 pays riches de l’OCDE et par l’Union européenne a diminué de 7,1 % en 2024 en termes réels, marquant une première baisse en six ans.
Cette orientation pourrait s’aggraver, avertit Diana Barrowclough, économiste à l’UNCTAD, qui déplore des coupes « massives et lourdes » pesant sur les pays à faible revenu qui dépendent des budgets consacrés à la santé et à l’éducation.
Réactions et impacts concrets
L’Agence française de développement (AFD) a été durement touchée: Rémy Rioux, son directeur général, a indiqué une perte de 50 % de ses ressources budgétaires en 2025.
Une étude internationale publiée en juillet estime que l’effondrement des financements américains dédiés à l’aide internationale pourrait entraîner plus de 14 millions de morts supplémentaires d’ici 2030 parmi les populations les plus vulnérables, dont environ un tiers d’enfants.
Limitations des données et perspectives
Kalpana Kochhar, directrice des politiques de développement et de finance à la Fondation Bill & Melinda Gates, avertit que certains systèmes de mesure des répercussions des politiques d’aide ont cessé de fonctionner, ce qui complique l’évaluation des conséquences.
Vers des partenariats privés et des coopérations renforcées
Pour la ministre Éléonore Caroit, il faut désormais « faire appel à des financements privés ». Cette option est partagée par les États‑Unis. Les membres du G7 ont annoncé vendredi la mise en place d’une initiative destinée à attirer davantage de capitaux privés pour investir dans les infrastructures des économies émergentes et en développement.
Le besoin mondial est colossal, estimé à plus de 3300 milliards de francs, soit environ le PIB du Japon ou de l’Inde. Cependant, Mikaela Gavas rappelle que les États rencontrent des difficultés à mobiliser ces financements privés et qu’un glissement des subventions publiques vers des investissements commerciaux est envisagé pour soutenir les industries nationales. Odile Renaud-Basso, présidente de la BERD, souligne la nécessité d’une coopération accrue entre les banques multilatérales pour accroître l’efficacité du financement des projets d’aide.