Un comité opposé à l’initiative du service citoyen décrit le texte comme une expérimentation risquée
Survol de la maison de Michael Schumacher à Gland en Suisse le 2 septembre 2014 Aerial view of Michael Schumacher house in Gland, Switzerland - 02/09/2014 *** Aerial view of Michael Schumachers house in Gland, Switzerland 02 September 2014 Aerial view of Michael Schumacher house in Gland, Switzerland 02 09 2014 PUBLICATIONxNOTxINxFRAxUKxUSAxAUSxBEL Copyright: xAgencex/xBestimagexAgencex/xBestimagex
Un comité affilié à l’association Service citoyen critique le texte de l’initiative et le décrit comme une expérimentation potentiellement risquée.
Contexte et objectifs de l’initiative
L’initiative prévoit que toute personne résidant en Suisse et de nationalité suisse effectue un service au bénéfice de la collectivité et de l’environnement, et ne concernerait plus uniquement les jeunes hommes. L’engagement pourrait s’effectuer au sein de l’armée, du service civil, de la protection civile ou d’un autre service de milice.
Actuellement, environ 35’000 personnes effectuent un service chaque année. Avec l’initiative, ce chiffre pourrait atteindre environ 70’000 personnes.
La loi d’application pourrait aussi préciser si des personnes n’ayant pas la nationalité suisse seraient également appelées à servir.
Impact et coûts estimés
Les opposants estiment que l’extension mettrait à disposition des effectifs théoriques pléthoriques et que l’impact sur la société civile serait intolérable, selon des déclarations faites lors d’une conférence de presse à Berne.
Le conseiller national Jean-Luc Addor (UDC/VS) a indiqué que l’élargissement du cercle pourrait conduire à des affectations pour lesquelles les personnes seraient moins qualifiées que dans le monde du travail.
De plus, l’UDC soutient que les femmes pourraient être touchées par ce dispositif, soulignant que le travail domestique demeure insuffisamment valorisé et que le service citoyen ajouterait une contrainte supplémentaire.
En diluant l’obligation de servir, le texte compliquerait en outre le recrutement d’un nombre suffisant de militaires et de personnels de la protection civile, selon le conseiller national Reto Nause (Centre/BE). Plutôt que de renforcer le système de milice, l’initiative pourrait l’affaiblir.
Coûts et charges publiques
Si les femmes sont également obligées de faire du service, il faudra dans un premier temps deux fois plus de bureaucratie pour affecter ces personnes à des postes d’engagement appropriés, souligne la conseillère nationale Andrea Zryd (PS/BE).
Ces personnes devront être formées et accompagnées au sein des communes et des cantons, et tout cela, en plus du salaire des personnes qui accomplissent le service, représente des coûts que les pouvoirs publics devront supporter.
Actuellement, les coûts annuels s’élèvent à environ 800 millions de francs pour les allocations pour perte de gain (APG) et à environ 160 millions pour l’assurance militaire. Le Conseil fédéral estime que le service citoyen tel que proposé ferait doubler ces coûts.
Réactions du monde économique et politique
Les employeurs ne sont pas convaincus non plus par l’initiative: selon Severin Moser, président de l’Union patronale suisse (UPS), deux fois plus de personnes pourraient être absentes de leur poste pendant leur période de service, ce qui aggraverait la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, provoquerait des pertes de productivité et obligerait les entreprises à recourir à des solutions de remplacement coûteuses.
Réactions et positionnement des partis
Les Vert-e-s criticent la restriction de la liberté individuelle et estiment que l’initiative transforme une obligation en solidarité. Balthasar Glättli (Verts/ZH) appelle à privilégier le volontariat plutôt que l’imposition d’un service citoyen.
Le Parlement a très largement rejeté l’initiative, lancée par l’association Service citoyen. Parmi ses soutiens, on compte Johanna Gapany (PLR/FR) et Maja Riniker (AG), présidente du Conseil national, ainsi que le conseiller national zurichois Islam Alijaj (PS).
Des informations complémentaires indiquent que le vote sur le service citoyen, l’imposition des successions et l’aide à la presse est attendu fin novembre.