Royaume-Uni : Keir Starmer s’engage à mettre fin à l’hébergement des demandeurs d’asile dans les hôtels d’ici 2029
Genève, 15 juillet 2021. L'Arve a un débit impressionnant. Photo: LAURENT GUIRAUD
Contexte et objectifs du rapport parlementaire
Un nouveau rapport parlementaire analyse l’hébergement des demandeurs d’asile dans des hôtels depuis 2019 et souligne des dépenses publiques considérables, alimentant les débats autour de la gestion de l’immigration par le gouvernement travailliste.
Événement récent et cadre factuel
La publication intervient peu après l’arrestation puis la libération par erreur d’un demandeur d’asile éthiopien, Hadush Kebatu, détenu pour des faits d’agressions sexuelles. Son séjour dans un hôtel destiné aux migrants à Epping, près de Londres, a été au cœur de manifestations anti-migrants cet été devant des hôtels d’hébergement.
Décryptage: coûts et structure d’hébergement
Selon la loi sur l’immigration et l’asile de 1999, l’État doit offrir un hébergement temporaire pendant l’examen des dossiers. Toutefois, le rapport souligne que l’hébergement hôtelier, à l’origine pensé comme solution transitoire, est devenu la solution prédominante, générant un système coûteux et parfois mal perçu par les communautés locales.
Chiffres clés
Les parlementaires estiment que le coût global de ce dispositif pourrait atteindre 15,3 milliards de livres en 2029, contre 4,5 milliards en 2019. D’autre part, les données du ministère de l’Intérieur montrent qu’en juin 2025, plus de 32 000 migrants étaient hébergés dans des hôtels, sur un total d’environ 103 000 personnes concernées, un sommet jamais enregistré auparavant par rapport à septembre 2023 (56 042).
Autres modes d’hébergement
Au-delà des hôtels, divers hébergements coexistent, tels que des centres de rétention, des appartements partagés et des bases militaires reconverties. Le texte précise toutefois qu’aucun « campement sauvage » n’a été observé dans l’espace public, contrairement à certaines situations ailleurs, notamment en France.
Engagement politique et facteurs explicatifs
Le Premier ministre Keir Starmer a promis d’abolir l’usage des hôtels pour l’hébergement des demandeurs d’asile d’ici 2029. Le rapport relie en partie l’évolution à la pandémie de Covid-19 et à l’accroissement spectaculaire des arrivées par des embarcations de fortune, expliquant la hausse des hébergements hôtelier. Karen Bradley, présidente de la commission auteur du rapport, a évoqué auprès de la BBC4 les coûts qui ont « explosé » face à ces flux inédits.
Libérations inappropriées et enquête indépendante
Devant la Chambre des Communes, le ministre de la Justice, David Lammy, a annoncé l’ouverture d’une enquête indépendante sur les circonstances ayant conduit à la libération erronée de Hadush Kebatu. Il a aussi rappelé que les libérations malencontreuses de détenus avaient fortement augmenté depuis 2021: 262 prisonniers ont été relâchés par erreur entre avril 2024 et mars 2025 en Angleterre et au Pays de Galles, contre 115 sur la même période l’année précédente, selon les autorités pénitentiaires.
Évolutions des flux migratoires et contexte général
Les chiffres des traversées de la Manche restent importants cette année: depuis le 1er janvier, 36 954 personnes ont atteint les côtes anglaises après leur traversée depuis la France, soit au-delà des 36 816 migrants enregistrés sur l’ensemble de l’année 2024. Ces tendances nourrissent le débat sur les coûts, les solutions et la gestion de l’accueil des migrants.