Niveau de formation par quartier : cartographie et enjeux socio-économiques en Suisse
A selective focus shot of male hands in handcuffs on a wooden table
Cartographie du niveau de formation en Suisse : ce que révèlent les dernières données de l’OFS
Les chiffres publiés par l’Office fédéral de la statistique permettent d’observer, pour la première fois, comment se répartissent les niveaux d’instruction au sein des agglomérations et des communes, jusqu’à des zones de 100 mètres sur 100 mètres. Ils apportent des réponses partielles à des questions sur les déséquilibres entre Neuchâtel et ses environs, Renens, Avanchets et Lignon.
Deux réalités qui coexistent dans le même canton
Dans le canton de Neuchâtel, les contrastes entre le haut et le bas du territoire se perçoivent nettement. Les zones bordant le lac et le centre-ville présentent une proportion plus élevée de personnes ayant suivi des formations avancées, alors que La Chaux-de-Fonds et Le Locle affichent des profils plus modestes sur le plan éducatif.
Selon un historien, ces différences s’expliquent en partie par la fonction économique des lieux: Le Locle et La Chaux-de-Fonds sont connues comme des villes horlogères, tandis que Neuchâtel est le siège administratif et politique. Le constat est renforcé par la présence d’établissements supérieurs sur le plateau de Neuchâtel: une offre d’emplois qualifiés et de formations professionnelles et universitaires y est visible.
Réorientation des services et des hautes écoles
Le canton cherche aujourd’hui à réduire ces écarts par le regroupement des services administratifs à travers le territoire et par le renforcement des hautes écoles, afin d’offrir des formations dans diverses zones du canton et d’étendre la présence d’institutions d’enseignement supérieure.
Inégalités visibles dans l’agglomération lausannoise
Dans l’agglomération lausannoise, les frontières sociales restent visibles à travers la localisation des parcours éducatifs: les habitants qui ont terminé l’école obligatoire se concentrent davantage à Renens, Prilly et dans le nord-ouest de Lausanne, tandis que l’est de la ville et le littoral lémanique abritent une proportion plus élevée de diplômés universitaires et de diplômés d’écoles supérieures.
Formation et revenus: ce que disent les chiffres
Les spécialistes rappellent qu’un niveau de formation plus élevé s’accompagne généralement d’un salaire médian plus élevé. Selon l’OFS, le salaire brut médian s’établit autour de 5’000 francs pour les professionnels issus de l’école obligatoire, contre environ 10’000 francs pour les diplômés universitaires. Cela dit, il convient d’éviter toute stigmatisation des quartiers ou de leurs habitants et de replacer ces chiffres dans une approche globale des conditions de vie.
Genève: répartition des formations et ressources
À Genève, le découpage est moins net: le centre compte une population majoritairement diplômée, tandis que des communes périphériques comme Meyrin, Vernier et Onex hébergent une fraction plus élevée de personnes peu ou pas formées. Toutefois, les écarts restent perceptibles entre le centre et les quartiers périphériques, malgré les efforts publics en matière de logements sociaux et d’accès aux services.
Villes et campagnes: une image cohérente
Au niveau national, les différences entre centres urbains et zones rurales reflètent des dynamiques historiques. Les villes concentrent davantage de profils hautement qualifiés et les personnes formées se montrent plus mobiles, alors que les zones rurales présentent des parcours scolaires plus courts et une proportion plus élevée de jeunes qui suivent l’école obligatoire ou l’apprentissage. Les communes situées près du lac Léman échappent partiellement à ce schéma, en partie en raison des pendulaires et d’une certaine continuité historique des populations résidentes.
Enjeu et perspective
Selon les spécialistes, ce type de répartition témoigne de réalités propres à chaque territoire et n’indique pas nécessairement une crise majeure. Le risque consiste davantage en une polarisation et une exclusion potentielle si les échanges entre les catégories sociales se raréfient. En Suisse, ces phénomènes restent globalement modérés, mais une vigilance continue est recommandée pour préserver l’égalité des chances et le niveau des services publics.