L’art de la comédie d’Eduardo de Filippo : théâtre napolitain et satire politique sur les scènes romandes
NEW YORK, NEW YORK - SEPTEMBER 23: U.S. President Donald Trump (R) shakes hands with President of Argentina Javier Milei during a bilateral meeting at the 80th session of the UN’s General Assembly (UNGA) at the United Nations headquarters on September 23, 2025 in New York City. This year’s theme for the annual global meeting is:“Better together: 80 years and more for peace, development and human rights.” Chip Somodevilla/Getty Images/AFP (Photo by CHIP SOMODEVILLA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)
Présentation et contexte
L’œuvre L’art de la comédie, farce napolitaine d’Eduardo de Filippo, est présentée sur scène avec force par Nalini Menamkat. Le spectacle mêle humour et réflexion sur les travers humains, tout en flirtant avec les codes du théâtre et de la sphère politique. La distribution et la mise en scène alimentent une dynamique qui fait la part belle au mélange des registres.
Intrigue et enjeux
L’action s’ouvre dans une préfecture où Madame la Préfète vient d’être installée. Dans le couloir, Oreste Campese, saltimbanque et homme d’affaires du théâtre ambulant, attend. Son chapiteau a été réduit en cendres par un incendie; seuls ses interprètes et les costumes ont survécu, prêts à être réinvestis dans un nouveau projet. Campese n’envisage pas une subvention, mais cherche surtout à attirer l’attention de l’autorité locale pour lancer sa prochaine création.
Le projet s’intitule Le Trou de la serrure et réunit quinze histoires évoquant la vie des habitants de la commune autour d’un “trou de serrure” symbolique : chacun pourrait regarder par ce petit passage et voir la vie des voisins sous un angle nouveau. Campese insiste auprès de Madame la Préfète pour qu’elle assiste à la première afin de garantir une audience fertile et, espère-t-il, des retours financiers pour sa troupe. Après des échanges, la Préfète finit par signer un décret qui lui attribue des allers simples pour le prochain train afin de régler l’affaire, mais l’adjoint, maladroit, remet par erreur à Campese la liste des notables locaux au lieu des billets de train. Des notables que Madame la Préfète n’a pas encore rencontrés.
La mise en scène et la performance
Sur la petite scène du Théâtre du Crève-Cœur de Cologny (Genève), la troupe menée par Nalini Menamkat ne perd pas de temps en changements de costumes et de personnages. Le spectacle mêle dialogues, airs chantés et effets spectaculaires dans une énergie constante qui rappelle les codes du cabaret et du théâtre musical. Les interprètes, David Casada, Laurie Comtesse, Karim Kadjar, Michel Kullmann et Sabrina Martin, assurent une permanence rythmée par des transitions rapides et des chorégraphies vocales qui agrémentent le récit.
Cette pièce est présentée comme une satire où le théâtre et le clown prennent une place centrale face à l’autorité. La mise en scène joue habilement avec les identités et les postiches, donnant à voir une mécanique où des personnages réels ou fictifs se mêlent dans une atmosphère qui peut virer au Grand Guignol, sans jamais renier un esprit de farce.
Une troisième réprésentation sur les scènes romandes
C’est la troisième fois en dix ans que ce farceur napolitain et son œuvre L’art de la comédie sont montés sur des scènes romandes. Le spectacle est présenté comme une invitation à découvrir une autre face du répertoire d’Eduardo de Filippo, artiste réputé pour sa capacité à mêler comédie et observation politique. Note: 4/5, selon Thierry Sartoretti, critique associée à Vertigo.
Informations pratiques et contexte de diffusion
La troupe présente L’art de la comédie au Théâtre du Crève-Cœur, à Cologny (GE), jusqu’au 12 octobre 2025. Par ailleurs, une tournée est annoncée au Casino-Théâtre, à Rolle (VD), du 15 au 18 janvier 2026.
Référence critique et programme: chronique associée dans Vertigo, avec mention de l’interprétation et de la direction artistique par Nalini Menamkat. À noter, les retours évoquent une mise en scène riche en pertinentité sociale et en énergie scénique, tout en préservant la dimension satirique et romanesque de l’œuvre.
Conclusion
L’art de la comédie conjugue le rire et la réflexion sur le pouvoir, en montrant comment le théâtre, même dans ses formes les plus divertissantes, peut questionner l’autorité et révéler des vérités sur la vie en communauté. Cet engagement artistique, mêlé à une direction résolument contemporaine, permet au public de redécouvrir un répertoire napolitain majeur dans une version adaptée à la scène romande.