Cisjordanie : une mère en attente de réunification avec ses fils après 34 années d incarcération
Contexte de l échange de prisonniers entre Israël et le Hamas
Halima Shamasneh, 83 ans, exprime une joie telle que le monde lui paraît trop petit pour sa félicité. Ses fils Abdel Jawad et Mohammed Shamasneh pourraient être libérés dans le cadre d un échange annoncé entre Israël et le Hamas et entré en vigueur vendredi après plus de deux ans de guerre à Gaza. Israël a publié une liste des détenus libérables dans laquelle leur nom figure.
La famille s est réunie dans la maison des parents, à Qatanna, au nord de Jérusalem, près du mur séparant Israël et la Cisjordanie. Dans le salon, trois générations suivent les informations à la télévision, tandis que la mère porte une robe palestinienne brodée à la main.
Selon la liste publiée par Israël, Abdel Jawad a été condamné à la perpétuité pour meurtre, tentative de meurtre et complot en vue de commettre un crime. Pour Mohammed, les détails n ont pas été vérifiés.
En 1987, lors du premier mouvement d intifada, des années de soulèvements et d attentats ont marqué la région.
Ajwad Shamasneh, fils d Abdel Jawad, retrace son parcours: il avait neuf ans lorsque son père a été emprisonné et il en a désormais quarante-quatre avec quatre enfants. Vivre sans père demeure une douleur, et l idée de serrer son père après 34 ans est difficile à décrire.
Au centre des discussions se situe l accord de libération, perçu comme une étape du plan soutenu par le président américain qui vise à mettre fin au conflit déclenché par l attaque du Hamas du 7 octobre 2023. Dans le cadre de cette solution, le Hamas doit libérer d ici lundi des otages restants et la dépouille d un soldat tué en 2014. En échange, Israël doit libérer environ 250 détenus pour des raisons de sécurité et 1 700 Palestiniens arrêtés par l armée à Gaza depuis octobre 2023.
Des voix se sont élevées contre ce type d accords, notamment au sein des familles de victimes qui remettent en cause cette approche devant la Cour suprême. Vendredi, cette instance a rejeté une requête au motif que les questions de guerre et de paix ne relèvent pas du droit. Ajwad explique ne pas avoir vu son père depuis huit ans en raison d interdictions de visites imposées par l administration pénitentiaire israélienne. Une trêve en janvier dernier avait permis la libération de centaines de Palestiniens en échange d otages.
Pour le père, Youssef Shamasneh, l espoir demeure mais l incertitude persiste, car les fils pourraient être contraints à l exil dans l éventualité de l accord final. Si tel cas se produit, il serait impossible pour lui de les revoir. Selon un responsable gouvernemental, la libération des détenus palestiniens pourrait intervenir après la restitution de tous les otages. Heureusement, l épouse du père garde ses projets simples et rêve d un mansaf pour fêter ce possible retour.