PS accorde un sursis à Lecornu II et prépare le budget 2026 sans censure immédiate

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France's reappointed Prime Minister Sebastien Lecornu arrives for a meeting with the newly-appointed members of his cabinet, at the Hotel Matignon in Paris on October 13, 2025. Lecornu's second government, a mix of political and technical ministers, takes office on October 13, 2025, with the aim of submitting a budget proposal on time and finding a "path" that avoids the censure promised by the opposition. (Photo by Alain JOCARD / POOL / AFP)

Contexte et décision du Parti socialiste

Le secrétaire général du Parti socialiste, Olivier Faure, a invité mardi soir les députés socialistes à respecter une décision « quasi unanime » du parti: ne pas censurer le gouvernement de Sébastien Lecornu lors des motions de censure examinées à l'avenir proche. Selon ses propos, cette résolution a été prise de manière collective et il a insisté sur le fait que lorsque le vote est presque unanime, il convient de le respecter, afin de ne pas modifier brutalement la situation politique.

La suspension annoncée de la réforme des retraites par le Premier ministre a ensuite été présentée comme une raison qui pourrait influencer les positions des différents groupes parlementaires. Le chef du gouvernement a indiqué qu'une suspension temporaire de la réforme serait proposée, ce qui a été perçu par les socialistes comme un élément susceptible de réduire le risque de vote de censure dans les jours qui viennent.

Dans ce contexte, l'ancien ministre de l'Intérieur et figure du paysage politique, a exprimé son mécontentement face à ce qu'il décrit comme une orientation qui pourrait aggraver la crise financière. Il déplore l'absence de mesures considérées comme nécessaires pour une politique de fermeté face à certaines questions et déplore aussi l'absence de mesures destinées à réduire l'immigration, selon ses appréciations.

Réactions et échanges entre partis

Le président du groupe LR, Bruno Retailleau, a dénoncé ce qu'il voit comme une condition d'otage du gouvernement par la gauche, et a invité son ancien collègue Éric Ciotti à envisager une éventuelle coopération à droite. De son côté, Boris Vallaud, chef du groupe socialiste à l'Assemblée, a annoncé que les députés du PS seraient prêts à débattre du budget 2026 dans l'hémicycle plutôt que d'exercer une censure immédiate. Il a présenté cette démarche comme un pari risqué mais nécessaire, signalant que des compromis pourraient être envisagés et que le PS reste mobilisé pour influencer les débats.

La CFDT a salué la proposition de suspension de la réforme des retraites comme une « vraie victoire des travailleurs » et a confirmé son intention d'ouvrir prochainement une conférence sur les retraites et le travail, afin de rouvrir les discussions sur la pénibilité et de prendre en compte l'équilibre financier du système.

Échos et positions sur la réforme et la budgétaire

Paul Christophe, à la tête des députés Horizons, a qualifié la suspension de « dangereuse facilité », arguant qu'offrir une victoire politique temporaire au groupe socialiste risque de fragiliser l'équilibre budgétaire. Il a pris la parole à l'Assemblée pour rappeler les risques d'une telle approche et a souligné l'opposition d'Edouard Philippe à cette suspension.

Lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre a évoqué des anomalies potentielles dans la fiscalité des très grandes fortunes et a proposé, en regard, une « contribution exceptionnelle » des plus riches, destinée à financer des investissements structurants pour le futur, notamment dans les infrastructures, la transition écologique et la défense. Le but affiché est de garantir une justice fiscale et de soutenir l'effort budgétaire sur un horizon pluriannuel.

Dans ce cadre, le Président de la République a averti que, si le Parlement ne parvient pas à adopter un budget pour 2026, les oppositions pourraient être tentées par des mesures qui affaibliraient la stabilité du pays; il a insisté sur la nécessité de préserver l'unité et de privilégier le débat sur les questions de fond plutôt que des rebondissements politiques.

Décentralisation et finances publiques

Le Premier ministre a annoncé son intention de proposer, dans le cadre d'un nouvel acte de décentralisation, un texte visant à renforcer le pouvoir local. Il a précisé que l'objectif est de décentraliser non pas des compétences seulement, mais aussi des responsabilités, accompagnées de moyens budgétaires, fiscaux et de libertés administratives, y compris sur le plan normatif.

Sur le plan budgétaire, le déficit public est présenté comme sera ramené à 4,7 % du PIB dans le budget 2026, avec l'objectif de rester en dessous de 5 % lors des discussions parlementaires. Le gouvernement affirme qu'il ne sera pas le garant d'un dérapage des comptes publics et réaffirme son engagement à respecter les objectifs de déficit prévus pour l'année en cours, notamment à 5,4 % pour l'exercice en cours.

Contexte politique élargi

Le récit politique s'inscrit dans une période d'instabilité prolongée, marquée par la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024 et par une configuration parlementaire sans majorité nette. Le Premier ministre reconduit sollicite des négociations pour former un gouvernement susceptible de trouver un terrain d'entente au sein d'un paysage dominé par trois blocs: gauche, centre-droit et extrême droite. Cette situation a aussi entraîné diverses positions de partenaires et d'alliés, qui restent en prise avec l'objectif premier: adopter un budget pour 2026 et assurer la continuité des institutions.

Enfin, des échanges sur le plan international se font simultanément, avec une conférence consacrée à la reconstruction de Gaza qui réunit des représentants internationaux et des bailleurs de fonds. Le gouvernement britannique précise que la conférence, tenue près de Londres, vise à coordonner les efforts pour l’après-guerre et à organiser les investissements nécessaires dans la période qui suivra les hostilités.

En parallèle, les réactions des principaux partis se poursuivent. Le PS affirme qu’aucun accord n’a été conclu avec le gouvernement sur une non-censure et assure n’avoir reçu aucune garantie à cet égard. Les positions restent tributaires des débats et des compromis qui seront proposés dans le cadre des discussions budgétaires et des reformes structurelles envisagées par l’exécutif.