IA et risque de récidive dans les prisons catalanes : RisCanvi, quinze ans d’évaluation

BRITAIN-TRANSPORT-COURT-DIESELGATE

Dieselgate claimant Adam Kamenetzky poses for a photograph in his Mercedes SUV in London on October 8, 2025. Adam Kamenetzky is one of the plaintiffs in a massive case due to open at London's High Court against five auto manufacturers, Renault, Peugeot-Citroen, Nissan, Ford and Mercedes, in the latest episode of the "dieselgate" scandal that has already rocked Volkswagen. (Photo by Ben STANSALL / AFP)

IA et risque de récidive dans les prisons catalanes

Le système RisCanvi, baptisé ainsi, évoque les récits dystopiques Black Mirror ou Minority Report. Utilisé depuis quinze ans dans les établissements pénitentiaires de Catalogne, il attribue à chaque détenu un score qui mesure le risque de récidive et détermine la durée et les conditions de détention.

Les autorités présentent cet outil comme objectif et performant. Toutefois, sa mise en œuvre suscite des questions éthiques: une machine peut-elle prédire le comportement futur d’un être humain? La sécurité peut-elle primer sur les droits humains et la liberté?

Droit de sortie encadré par l’IA

Dans chaque prison, des professionnels évaluent les détenus à partir de critères tels que l’origine sociale, la personnalité ou les addictions. Dans les établissements utilisant RisCanvi, l’obtention d’un permis de sortie ou d’une libération conditionnelle dépend du score attribué par le logiciel.

Avant RisCanvi, l’évaluation reposait sur l’expérience et l’opinion d’un seul expert. Désormais, les 700 agents pénitentiaires se prononcent sur les mêmes critères et partagent une grille d’évaluation commune, explique Carles Soler, psychologue et agent pénitentiaire impliqué dans le développement.

La Catalogne n’est pas isolée: les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni utilisent eux aussi des algorithmes dans leurs systèmes pénitentiaires.

Enjeux éthiques et défis juridiques

Le fonctionnement paraît présenter une objectivité apparente, mais RisCanvi n’est pas infaillible. Selon une étude, 82 % des détenus classés à risque n’ont pas récidivé.

Le magistrat Daniel Varona rappelle que fonder une décision sur des statistiques soulève des enjeux moraux et juridiques, puisqu’elle évalue une personne en fonction du comportement passé d’autres individus.

Pour l’avocate Eva Vivo, l’utilisation de RisCanvi peut aussi peser sur le parcours de réinsertion: priver un prisonnier de certains aménagements de peine, même s’il se comporte correctement, peut entraver sa réinsertion sociale et avoir l’effet inverse.

Reportage TV: Marie Bolinches. Adaptation web: Raphaël Dubois.